
Marcel Bascoulard
Dessinateur, clochard, traversti, Marcel Bascoulard a laissé des images singulières et multiples. Insaisissable. Inclassable. De son vivant simple d’esprit, aujourd’hui clochard magnifique.
Une énigme pour tel psychanalyste, un égal de Rembrandt pour tel critique d’art. Chaque fois il surprend, il fascine.
Ses dessins étaient appréciés pour leur fidèle et minutieuse représentation de la réalité. Parce qu’ils ressemblaient à des photos, ils ont fait sa réputation locale. Ses autoportraits le montrant habillé en femme faisaient honte ; ils ont fait sa renommée internationale.
Dessinateur de talent, clochardisé de son plein gré, traversti « par goût esthétique », Bascoulard est mort en 1978 comme il a vécu, sur un malentendu, assassiné dans un terrain vague où il avait élu domicile et où les coupables croyaient pouvoir lui dérober les millions qu’il s’était vanté de posséder…
Il avait 65 ans et la ville qui croyait le connaître, sans doute gênée de n’avoir su le protéger alors qu’elle le savait menacé, lui a offert des funérailles au-dessus du rang qu’elle lui avait attribué. Elle s’accorda en contrepartie l’absolution par un hommage rendu dans les murs de sa Maison de la culture… Avant d’éparpiller aux quatre vents les potins sur ce bougre mal odorant et dérangeant tout en remisant dans ses tiroirs et ses cartons les dessins et les photos de l’artiste.
Bascoulard avait le don, en dehors du dessin, d’attirer l’incompréhension comme un aimant la limaille et de refouler les occasions de réussite comme la marée les eaux d’un fleuve.
Bascoulard dans les pas d’Utrillo à Montmartre…La piste, aujourd’hui effacée, fut pourtant réellement tracée dans les années 1930. Elle croisa entre autres la rue de l’Abreuvoir et la rue Becquerel.
A Bourges, son buste en bronze orne la petite place discrète qui porte son nom. L’ambigüité qui les sépare, lui et la ville, n’est pas levée. Qu’importe. Bascoulard n’appartient plus à Bourges, Il est universel.
Patrick Martinat
Entre ombre et lumière…
Bascoulard, dessinateur, poète, couturier, travesti… Clochard, est un artiste multiple doublé d’une personnalité complexe, énigmatique. Sa silhouette de guingois a marqué l’imagination de plusieurs générations de berruyers ou de passants qui l’ont croisé dans les rues de Bourges, lorsqu’il dessinait à un coin de rue ou poussait un engin improbable à trois roues.
Sa technique à l’encre de Chine minutieuse fascine, sa pratique de la gouache et de la craie pour ses œuvres en couleur est remarquable, son sens de la perspective qui donne à ses dessins un relief subjugue, son art place cet artiste aux côtés des maîtres graveurs hollandais du XVII ème siècle.
Paysagiste par goût, il nous invite à entrer dans ses dessins qu’il choisit d’exempter de la moindre présence humaine en nous installant sur des chemins qui vont se perdre vers des horizons lointains comme autant de voiles prêts à se lever sur notre propre imaginaire. Notre quête d’absolu.
Né en 1913, Marcel Bascoulard est mort assassiné par un voyou à Bourges en 1978. Dessinateur surdoué et précoce, il va devenir, grâce à son art graphique des plus minutieux, le témoin des transformations de la ville autour des années 1960, doublé d’un paysagiste reconnu. Ses choix de vie vont imposer sa silhouette de guingois au point de l’incruster de façon indélébile en ombre chinoise dans les murs de Bourges.
Fortement perturbé par l’assassinat de son père par sa mère alors qu’il avait 19 ans, il va prendre l’habitude de se photographier habillé en femme. Son comportement excentrique le fera passer aux yeux des berruyers pour un simple d’esprit. Ses dessins, hier tenus pour des productions de peu de valeur, sont aujourd’hui considérés comme des œuvres majeures de l’art du graphisme.
En 2017, huit élèves de différentes classes du lycée profesionnel Jean Mermoz de Bourges ont réalisé un film documentaire retraçant la vie d’une figure emblématique de la ville de Bourges : Marcel Bascoulard.
Assassiné en 1978, cet homme était un dessinateur hors pair, un peintre de grand talent mais aussi un poète et un cartographe autodidacte. Il vécut volontairement une vie de marginal, de « clochard artiste ». Il laisse également une très riche œuvre photographique : il existe des centaines de clichés de lui habillé en femme.
Qui était-il vraiment ? Comment embrasser une œuvre aussi vaste ? Qu’ont à nous raconter les gens qui l’ont connu ? Que reste-t-il de Bascoulard aujourd’hui ? Autant de questions qui ont guidé l’écriture, la réalisation et le montage de ce film ambitieux.
Nom des élèves participant : Samantha Masure – Océane Sénéchal – Fatimata Dabo – Anaël Lozach – Matthis Dumas – Paul Bonnichon – Alexandre Pinsard – Orianna Brugier.
Intervenant pédagogique : Pierre Trigona (Lettres-Histoire), Jessy Bligant (Lettres-Histoire), Joël Philippeau (Lettres-Anglais).
Intervenant artistique : Hervé Bezet (Réalisateur).
Durée : 52’15 min
© Lycée Jean Mermoz de Bourges / CICLIC – 2017